L’instruction en famille, phénomène inconnu de la plupart des français jusqu’à cette rentrée covidienne 2020, a gagné en popularité puisqu’on est passé de 25 000 familles à 50 000 familles. Avec l’annonce du Président et sa volonté d’interdire cette forme d’éducation, la popularité du phénomène a encore augmenté. Beaucoup ont leur avis sur le sujet, sans vraiment savoir de quoi il s’agit réellement.
Mais avant d’aller plus loin et vous faire par vous-même une idée, je vous propose de revenir sur ce qu’est l’IEF.
L’IEF, c’est quoi au juste?
En effet, à la lecture des articles de journaux, des commentaires des internautes et autres avis sur le sujet, je m’aperçois que tout le monde sait ce qu’est l’IEF sans savoir réellement.
L’IEF est une démarche volontaire des parents
Alors, en premier lieu l’IEF est un choix de la famille et il y a un « cadre » pour le mettre en oeuvre. Je traduis. et avant je précise : non, les familles qui n’envoient pas leurs enfants à l’école, (alors qu’ils y sont inscrits) ne font pas de l’IEF. Ce sont le plus souvent des parents démissionnaires, mais pas des IEfeurs.
Pour faire de l’IEF, vous devez faire une déclaration à la mairie et au rectorat. C’est un droit, donc pas besoin d’accord, vous les informez de votre choix. L’enfant est alors radié de l’école. Parents, vous vous engagez alors à ce que votre enfant soit instruit à votre domicile et qu’il devra y acquérir le « socle commun » tel qu’il est décrit par le Ministère de l’Education Nationale et accessible à tous sur le site Educsol. Autrement dit, que vous soyez à la maison ou à l’école, l’enfant doit recevoir, au minimum, le même enseignement.
Des parents impliqués dans les apprentissages des enfants
Donc, si vous faites cette démarche, et à moins d’être richissime et de pouvoir confier vos enfants à des précepteurs privés, il va falloir vous y mettre. Quelle pédagogie? Comment transmettre? Quelles sont les connaissances à transmettre? Comment apprend mon enfant? Voilà autant de question auxquelles il va falloir répondre. D’autant plus que ces questions, vous seront posées lors des contrôles. Et oui, chaque année, l’Education Nationale viendra vous rendre visite et s’assurera que votre enfant est bien instruit, qu’il progresse et que cela se fait bien dans le cadre du « programme ». Et si ce n’est pas le cas, alors votre enfant est scolarisé et vous n’avez guère le choix…
Les parents qui font de l’IEF s’impliquent fortement dans cette démarche. Certains seront plus axés sur le formel et transformeront une pièce de la maison en salle de classe traditionnelle (avec un tableau, des bureau en rang…). D’autres suivront les choix et les intérêts de leurs enfants et répondront à leur demande. D’autres se situeront entre les deux, combinant apprentissage formel et informel. Mais dans tous les cas, il faudra bien amener de la matière à l’enfant pour qu’il apprenne. Si votre fils ou votre fille manifeste un intérêt pour les planètes, l’espace… il vous faudra trouver, supports, livres, émissions de télévision, visites sur site pour répondre à ses questionnement, jeux, activités. Et si certains enfants sont autonomes dans leurs apprentissages, cette autonomie s’apprend progressivement et n’est pas innée. De même, un enfant qui apprend est un enfant stimulé…
Et la socialisation dans tout ça?
Ca c’est la question qui revient toujours. « L’école, c’est mieux pour la socialisation, il y rencontre d’autres enfants ». Oui et les enfants en IEF ont aussi des amis et rencontrent d’autres enfants. Comment me direz-vous? A moins que les parents vivent en totale autarcie sur une ile déserte, le cercle familial et amical est source d’échange et de rencontre. Ensuite, ce n’est pas parce qu’une famille fait l’IEF que les enfants ne pratiquent pas de loisirs et de sport, ou d’activités artistiques. Les parents iefeurs peuvent aussi faire face à des limites en apprentissage: apprendre à son enfant à chanter, si on chante comme une casserole (comme c’est mon cas) fait qu’on va se tourner vers une école de musique. Enfin, les familles en IEF se rencontrent, se regroupent, échangent (notamment matériel et livre, parce que ça coute aussi une blinde…). On est bien loin de l’idée que l’enfant en IEF est devant sa télé toute la journée à attendre que ça se passe!
Et alors l’IEF c’est pour qui?
Je dirai pour tout le monde, dès lors que l’enfant et le parent le souhaitent tous les 2. L’IEF doit être entrepris dans l’intérêt de l’enfant en priorité, et le parent doit être en mesure de l’accompagner dans cette démarche, en même temps que le vouloir.
Mais l’IEF peut être un petit plus pour des profils d’enfants. Je commencerai par le cas le plus évident et pourtant celui très souvent oublié: l’enfant qui n’est pas prêt à aller à l’école! Et oui, certains enfants à 3 ans, ne sont pas encore prêts. La propreté déjà n’est pas acquise pour tous. Et tant que l’obligation de propreté est requise et que le rythme de développement de l’enfant n’est pas respecté, l’école à 3 ans est une aberration! On ne le répètera jamais, on ne peut pas forcer la continence et la maturité physique! Au delà de la question de la continence, certains enfants ne sont pas prêts pour la collectivité, ils le seront, mais plus tard. Alors attendons.
Ensuite, le second profil pour qui le retour à l’école est une aussi une aberration: ceux souffrant de phobie scolaire. Aujourd’hui, tous les spécialistes en neurosciences soulignent le lien négatif entre le stress et les capacités d’apprentissage. Le stress réduit le fonctionnement de la mémoire de court terme nécessaire pour l’apprentissage. De même, on connait le lien entre bien-être et développement cognitif: autrement dit pour bien apprendre il nous faut être heureux. Un enfant souffrant de phobie scolaire ne peut se sentir bien à l’école. L’obliger à retourner dans ces espaces c’est le sacrifier!
La troisième catégorie : les enfants à haut potentiel. Ici, ça va dépendre des profils. Certains enfants HP s’adapteront à l’école et à son mode de fonctionnement classique. Ils ne développeront pas leur plein potentiel, mais seront heureux. ce sont le plus souvent, ces enfants qui ont leur « petite moyenne » malgré des facilités d’apprentissage. D’autres, y trouveront une stimulation et s’y épanouiront: soit parce que l’environnement familial n’est pas assez stimulant, soit parce que l’équipe enseignante a su créer un cadre propice à leur mode de fonctionnement singulier. Pour d’autres, un enseignement adapté à la maison sera la meilleure façon de s’épanouir. L’enseignement libre, lui permettra de creuser plus en profondeur les sujets qui le passionnent et de réduire le temps passé sur les bases qui sont souvent bien vites acquises. Il s’agit alors d’adapter les rythmes d’apprentissage à son potentiel. Ainsi un enfant qui développe des talents remarquables en littérature pourra avoir 2 à 3 ans d’avance par rapport à un enfant du même âge scolarisé et avoir 1 ou 2 ans de retard en mathématiques. En s’appuyant sur les forces de l’enfant, il se sentira en confiance, il aura une meilleure estime de soi.
Et puis, nous avons les enfants dys, les enfants autistes… ces enfants qui ont besoin d’un accompagnement personnalisé, d’un adulte près d’eux pour les accompagner (et non pas les aider), d’avancer à leurs rythmes…Oui, l’école doit être inclusive, mais c’est encore difficile à mettre en oeuvre. Peut être qu’un jour, elle le sera, mais pas pour l’instant. Alors laissons la chance à ses enfants de grandir et d’atteindre leur potentiel dans un autre environnement que celui de l’école.
Enfin, il y a tous ceux qui ne sont pas phobiques, ni HP, nidys, ni autiste pour qui l’IEF est une forme d’épanouissement face à des contraintes trop lourdes imposés par le système scolaire. Je me souviens d’un conducteur de bus a qui on avait posé la question s’il avait une baguette magique, que ferait-il pour les enfants qu’il transportait. Il nous a dit tout simplement « que les enfants arrêtent de se lever à 5 heures du matin, car je dois passer les prendre à 6h, pour être à l’heure à l’école à 8h, ils sont fatigués et épuisés par ces trajets, ça ne donne rien de bon, ni à l’école, ni dans le bus! »
Si vous êtes convaincu que l’IEF peut être un atout pour des enfants, que chaque enfant a droit à ce qu’il y a de meilleur pour lui. Vous pouvez signer la pétition, qui demande tout simplement le maintien de ce droit.
https://www.mesopinions.com/petition/enfants/maintien-droits-instruction-famille/107871