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Education positive

Comment accompagner un enfant hypersensible?

A la lecture des 2 articles précédents, vous allez me dire: « oui, c’est bien joli tout ça, mais moi, j’ai un enfant hypersensible et mon quotidien c’est transformé en enfer: on passe de crise en crise! Je n’en peux plus! » Alors comment faire au quotidien avec cette hypersensibilité ?

Que je vous rassure, au fur et à mesure que l’enfant grandit, ça devient plus simple, dès lors qu’on lui transmet les outils pour gérer cette sensibilité.

Un hypersensible surexcité est ingérable!

La première chose à comprendre est que lorsque votre enfant hypersensible se met à crier, hurler, quelque fois violent, c’est qu’il est en surchauffe… et là, la seule chose à faire, c’est de ramener le calme. STOP aux stimuli: pas de questions, pas de parole, voire pas le toucher… trouver un espace calme (idéalement de la nature), température ambiante et attendre! Les choses se poseront d’elles-mêmes et petit à petit un espace de dialogue va s’ouvrir : l’émotion ressentie, la cause…. c’est un outil d’apprentissage.

Chez nous, on opte pour le vert (si le moment s’y prête). Allez dans la nature permet de restaurer les ressources physiques et psychologiques. Il y a beaucoup moins de stimuli, et l’enfant s’apaise. C’est la meilleure solution et celle qui tient le plus longtemps. En faire un rituel est aussi une option, notamment après l’école qui est un lieu sur-stimulant pour nos enfants. Si vous avez un jardin, n’hésitez à lui laisser un accès libre.

« L’autre option est le mouvement régulier, comme marcher dans la rue, un tour de vélo. En général, en 10/15 minutes, il retrouve son calme » nous confie une maman d’un petit garçon de 4 ans. Un mouvement régulier permet d’agir sur la respiration qui est alors à son tour plus régulière et plus profonde, calmant ainsi la surchauffe générale.

« Nous, nous avons une solution, qui est très spécifique à mon fils: l’Eglise. Il y trouve un lieu calme, pas de bruit, peu de lumière et en quelques minutes, le calme intérieur est revenu » nous dit en riant une maman. L’enfant demande a y aller quand il perd le contrôle de lui même.

Le calme, le calme, le calme

La conséquence est d’éviter donc la surexcitation : alterner les activités excitantes avec des moments de calme, de repos : un livre, un câlin, une sieste…. Les écrans sont aussi à utiliser avec parcimonie, notamment les dessins animés, qui avec les rythmes rapides sont hyper stimulants. « Je me souviens de mon petit cousin qui est extrêmement sensible, les vacances où la télé était très présente, il devenait impossible à gérer, un vrai tourbillon » souligne une maman.

En fin d’après-midi, c’est un moment très difficile. L’enfant a accumulé tellement de choses, que le temps calme est nécessaire. Ici, il suffit de lire une petite histoire avec un gros câlin. La lecture se passe dans un endroit avec peu de bruits et lumière douce.

Les besoins de base doivent être satisfaits

S’assurer aussi que les besoins de bases soient satisfaits : faim; soif, repos… Si votre enfant a besoin de sieste, il faut qu’il fasse la sieste! S’il a faim ou soif, ce sont des besoins qui excitent les sens, les émotions (le stress..). Ils doivent donc être satisfaits. On oublie (du moins quand ils sont petits), la sacro-sainte règle « on mange à table »!

« Je me suis aperçue également en rentrant de l’école, il avait souvent faim. Avec l’histoire, on mange quelque chose. ça diminue aussi le stress. Les fruits et les légumes sont à portée de main. Il peut donc en prendre dès qu’il a faim. De même, mettre à disposition de l’enfant un plateau avec un verre et une carafe en Inox adaptée à sa taille pour se servir quand il en a besoin est un plus et un outil d’apprentissage pour se réguler. L’alimentation a un rôle clé dans l’équilibre de l’enfant hypersensible: les sucres, certaines boissons, certains aliments industriels comportent des excitants, à proscrire absolument.

Accepter les émotions

Paradoxalement, les enfants qui évoluent le mieux sont ceux dont les parents acceptent les émotions et leur débordement! Laissez donc votre enfant exprimer ce qu’il ressent et progressivement apprenez lui à les nommer, les exprimer avec des mots…. Certains hypersensibles, qui n’ont pas la place d’exprimer leurs émotions, finissent par les refouler et les garder à l’intérieur. Si vous n’avez jamais de conflits avec votre hypersensible, inquiétez-vous!

Accepter une émotion, ne veut pas dire accepter tout les comportements! Un enfant a le droit d’être en colère, mais n’a pas le droit d’être violent, soyez ferme et bienveillant là dessus, en expliquant la différence.

Les règles : la méthode douce!

Alors, les punitions fonctionnent très peu avec les hypersensibles….Il vaut mieux utiliser la méthode douce. « Personnellement, quand mon hypersensible transgresse une règle, rien de mieux que de me pencher et de lui rappeler à l’oreille pour qu’il se corrige de lui même« . Ça marche très bien de le matin, l’excitation est faible. Le soir, c’est beaucoup plus compliqué, et quelque fois impossible. Dans ce cas, on revient à la règle, n°1: le calme, le calme, le calme….

L’autre outil est la routine. La routine fait loi! Et c’est d’autant plus facile, si c’est lui qui a mis en place sa propre routine.

Préparer votre hypersensible à la nouveauté

Si vous devez faire quelque chose de nouveau, et les hypersensibles n’aiment pas toujours ça. Il s’agit de le préparer un minimum. S’il est invité chez un copain, passez devant chez le copain en question pour qu’il puisse voir l’endroit. N’hésitez pas à appeler les parents, pour connaitre les activités et le programme et lui dire ce qu’il va se passer, sans aller trop loin dans les détails. « Lors de sa rentrée en école maternelle, j’avais expliqué dans les moindres détails ce qui allait se passer. Or la maîtresse avait changé au dernier moment et les choses se sont déroulées différemment; Maintenant, je donne les grandes lignes et ça va beaucoup mieux, il accepte mieux la nouveauté. »

Dans tous les cas, pour que votre enfant puisse être flexible et ouvert, les premières fois doivent rimer avec plaisir. Si pour une raison ou une autre, l’expérience se passe mal, il faudra du temps pour qu’il accepte de recommencer.

Lui laisser des temps d’observation avant l’action

C’est le plus difficile: trouver cet équilibre entre le temps nécessaire à la réflexion et le passage à l’action! Ne comptez pas sur lui, pour faire et voir ce qui se passe. Avant de se lancer à l’action, il aura besoin de comprendre ce qui risque de se passer. Avec la confiance en lui, l’enfant saura de lui même quand il passera à l’action. Cependant, quelque fois, il est nécessaire de l’encourager pour le décider à aller plus loin, se dépasser et prendre des risques. Si on le fait passer à l’action trop tôt et que les émotions désagréables l’emportent, le processus se bloque. Et d’autres fois, il sera nécessaire de l’encourager et insister pour qu’il puisse se dépasser et sentir la fierté. Il est donc nécessaire pour nous parents, de s’assurer que rien de fâcheux n’arrivera durant cet expérience.

Lui donner confiance en lui

Comme on vient de le dire, c’est la confiance en soi qui permettra à l’hypersensible de passer à l’action! Et c’est dans les expériences positives qu’il prendra confiance en lui! Lorsque vous revenez sur une expérience, rappelez lui les émotions positives qu’il a ressenti, mais signalez-lui les forces qu’il a utilisé pour réussir. Ces compétences et ses savoirs-faire pourront être déployés dans d’autres domaines. Ils vous serviront aussi pour l’encourager à se dépasser et lui rappelant qu’il a les outils, pour.

Vous êtes le spécialiste de votre enfant!

Papa, Maman, vous êtes les personnes qui connaissent le mieux votre enfant, et donc les personnes avec lesquelles il se laissera aller. Observez, essayez, et progressivement vous trouverez les façons de faire qui vont lui permettre de grandir avec cette belle force qui est l’hypersensibilité. Et n’hésitez pas à partager vos expériences.