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« L’enfant est intéressé par l’effort »

Je dirai que cette phrase résume bien la thèse défendue par Céline Alvarez dans son dernier ouvrage « Une année pour tout changer ». J’ai vraiment pris plaisir à lire cet nouvel opus où elle nous présente les expériences d’autres enseignants qui ont cherché eux aussi à changer leur méthode d’enseignement. Elle montre également que le choix de cette voie n’est pas toujours facile et que sans la maitrise des « fonctions exécutives » l’apprentissage autonome sera chaotique.

La clé du succès: les fonctions exécutives

De quoi s’agit-il exactement? En résumé, ce sont les « compétences » qui permettent de faire seul. Et cette volonté de faire seul apparait vers 2 ans, avec le célèbre « apprend-moi à faire seul » de Maria Montessori. En faisant des tâches, surtout maladroitement, l’enfant exerce ses fonctions exécutives. Ainsi, comme nous l’explique Céline Alvarez « il doit mémoriser les différentes actions requises; inhiber les distractions, focaliser son attention, contrôler ses gestes et émotions qui pourraient l’empêcher d’atteindre son but; enfin il fait preuve de flexibilité: il doit détecter ses erreurs, trouver des solutions à ses problèmes, et persévérer jusqu’à atteindre son but« . Imaginez-vous donc quelques secondes dans la peau de ce petit enfant de 2 ans qui veut mettre ses chaussures tout seul… sans maitriser encore toutes ces compétences.

Et comme l’explique l’auteur: c’est par la maitrise de ces fonctions que l’enfant deviendra un adulte épanoui: il sera alors capable d’atteindre ses buts, de développer des stratégies pour les atteindre, savoir reporter une action, s’adapter, être à l’écoute…

Comment moi parent, je peux aider mes enfants à développer ces fonctions?

Dans son livre, Céline Alvarez nous donne par moins de 15 axes d’actions possibles avec lesquels, nous, parents, nous pouvons agir:

  • Parler avec l’enfant: La parole est au coeur de nos relations. Parlons avec l’enfant, disons-lui ce que nous faisons, pourquoi, comment on s’y prend…
  • Etre chaleureux : L’amour est le carburant des enfants
  • Aider l’enfant à se calmer: le cerveau de l’enfant étant encore en développement, les émotions peuvent être difficiles à gérer. Accompagnons le.
  • Aider l’enfant à s’exprimer: Ne pas hésitez, une fois l’émotion gérée, à revenir sur les mots pour exprimer la difficulté rencontrée.
  • L’aider à patienter: Céline Alvarez nous partage une petite routine. Quand vous êtes occupé (à une tâche, avec un autre enfant, à discuter avec une autre personne); demandez à l’enfant de mettre sa main sur votre épaule, et quand vous êtes disponible, vous vous tournez vers lui pour accueillir sa demande. Dès que l’enfant pose sa main, je lui tend un regard pour lui dire que j’ai bien compris qu’il souhaitait me parler. Si la conversation est longue, je caresse sa main de temps en temps pour lui dire que je ne l’ai pas oublié.
  • Favoriser l’autonomie quotidienne: laissez les enfants s’habiller seul; se laver seul, porter leur sac quand ils vont à l’école….
  • La difficulté: oui, les enfants ont besoin de défis, mais restons dans la mesure. Il s’agit de leur proposer des activités qui sont légèrement au dessus de leurs compétences. Des difficultés trop importantes, les décourageraient et des activités trop faciles, les ennuieraient…
  • Le sens : l’activité réalisée doit servir à quelque chose. Je vois quelque fois des activités qui consiste à apprendre à maitriser un geste, mais dénuées d’objectifs ou de sens. Quel est l’intérêt de découper un papier sur une ligne et s’arrêter là! Puis on jette le papier? Intégrons ces objectifs dans une activité plus globale de créativité
  • Suivre ses motivations: observons les enfants et regardons leur centre d’intérêt, sans jugement.
  • Accueillir l’erreur: l’erreur est la meilleure façon de développer les compétences exécutives: je fais une erreur, je dois la comprendre, je dois faire autrement, comment vas-je faire, je dois éventuellement la réparer ? Parlons avec eux des erreurs et aussi de nos erreurs.
  • Encourager l’effort : le principal n’est pas la performance, mais la maitrise. En encourageant l’enfant, surtout s’il ne réussi pas encore, est le meilleur moyen de le soutenir dans l’apprentissage
  • Moins diriger : laissons les faire. Tant qu’il n’y a pas de danger, ou des risques pour des objets de valeurs…laissons les expérimenter.
  • Individualiser: Et oui, ce qui marche pour l’ainé, ne fonctionne peut être pas pour le deuxième, le troisième…Les enfants ont des centres d’intérêt et des objectifs différents. Encourageons les dans leur différence
  • Réduire les écrans : Devant un écran, on est passif! On ne développe aucune fonction exécutive, sauf si celui-ci est un support à une activité, source d’échange et de découverte.
  • Améliorer la qualité du sommeil: et oui, un enfant qui ne dort pas, est un enfant qui aura des difficulté d’apprentissage. Le sommeil permet d’intégrer progressivement les apprentissages de la journée. Si l’enfant a fait un effort cognitif intense dans la journée, il peut aussi avoir besoin d’un moment de repos.

Je dirai que c’est un livre interessant à avoir dans sa bibliothèque. J’ai beaucoup aimé les idées, les pistes d’actions qu’il est possible de mettre en oeuvre en tant qu’enseignants ou parents. L’auteur rappelle aussi que l’éducation positive n’est pas pour autant un long fleuve tranquille. Exit les images d’Epinal de Insta! Choisir de développer les compétences exécutives de ses enfants nécessite aussi de notre part une certaine ténacité et constance. Ca ne se fera pas en 2 jours. Enfin, c’est aussi un livre plein d’espoir, avec tous ces enfants qui aiment l’école, qui apprennent, s’y épanouissent! Et ça, ça fait du bien!

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