Nous sommes dans un contexte très particulier: cela fait bientôt 3 semaines que nos enfants n’ont pu se rendre à l’école, rencontrer leurs amis, pratiquer leurs activités. Il est également probable que toute la famille reste H24 à la maison et si Papa ou Maman sort, ce dernier va prendre des dispositions particulières. Et oui, dehors est devenu source de danger.
Dans ce contexte, vos enfants vont surement éprouver une émotion particulière: la peur. Il ne s’agit pas d’une peur envers un objet identifié, mais une peur diffuse, envers un « ennemi invisible » qui nous menace tous et qui n’a aucune réalité physique pour eux.
La peur: qu’est ce que c’est?
La peur est une émotion qui survient lorsqu’on se trouve face à une situation dangereuse qui menace notre intégrité. Elle survient le plus souvent lorsque qu’un objet, un animal surgit. Il y a un élément soudain déclencheur. Dans cette situation, notre corps produit de l’adrénaline, une hormone qui va nous mettre en mouvement (je me bat ou je fuis…).
Sauf qu’aujourd’hui, cette menace n’est pas ponctuelle, mais s’installe dans la durée. Les enfants en sont d’autant plus victimes qu’il est difficile pour eux de comprendre cette menace, du fait de son caractère invisible. Peur qui se trouve amplifiée du fait de l’inquiétude, légitime des parents. A l’adrénaline, va donc donc se succéder une production de cortisol, qui elle est censée ramener le corps à une activité plus calme…
Bref, nos enfants oscillent entre des moments d’excitation, difficilement contrôlable, et des moments de blocage avec une incapacité d’agir: phénomène qui touche notamment le travail scolaire, car le cerveau de l’enfant n’est plus en état de fonctionner de manière optimale. Comme le résume Catherine Gueguen : “L’enfant se sent menacé et angoissé. Ses pensées, ses émotions, ses perceptions sont voilées par un sentiment de peur, de grand danger, il est inhibé, dans l’impossibilité d’entreprendre et de surmonter la moindre difficulté”.
Comment calmer la peur?
La particularité ici est que le sentiment de peur est souvent peu conscient et difficilement exprimable, car l’enfant a des difficultés à identifier ou en montrer la cause, notamment s’il est petit. S’il est assez grand (plus de 7 ans), il peut plus facilement la verbaliser et l’exprimer, mais ce n’est pas toujours facile.
Accueillir et accompagner l’émotion
Si l’enfant est en capacité de verbaliser sa peur et d’en exprimer la cause, il est possible de mettre en oeuvre les étapes d’accompagnement d’une émotion :
1- Respecter l’émotion: reconnaître et accueillir l’émotion telle qu’elle est: « oui, je vois que tu as peur« , « as-tu un peu, moyennement ou beaucoup peur?…
2- L’écouter : laissez le exprimer sa peur, ses doutes, ses angoisses. Au regard de la situation, ça risque d’aller un peu dans tous les sens, et d’avoir beaucoup de peurs différentes qui s’expriment : j’ai peur de tomber malade, j’ai peur de ne pas revoir mes copains, j’ai peur de redoubler…
3- Accepter et comprendre: reconnaissez son droit d’avoir peur et il a besoin d’être rassuré
4- Chercher des ressources : on peut s’appuyer sur l’expérience passée, les fois où il a su surmonter sa peur, faire appel à ses forces (le courage/ la persévérance….) ou encore apprendre des techniques pour canaliser son émotion. Nous vous présentons quelques pistes dans cet article.
5- Répondre aux besoins d’information : la peur peut naître d’une méconnaissance et peut disparaître en apportant des réponses aux questions. Par exemple: à la peur de tomber malade, on peut lui parler de notre système immunitaire, comment le doper et que certaines personnes présentent peu de symptômes, car leur corps va se défendre… Savoir rassure.
Jeux et activités pour calmer la peur
1-Respirer et cohérence cardiaque:
La peur entraine une contraction du thorax: le souffle est court et saccadé. Aussi prendre le temps de respirer amplement libère le thorax, mais va aussi libérer les endorphines. L’enfant va se sentir mieux et va pouvoir apprendre à nouveau.
Nous pratiquons ici la cohérence cardiaque: 5 minutes de respiration, 3 à 4 fois par jour. La vidéo avec le papillon est un outil qui captive les enfants et rend plus facile l’exercice notamment pour les petits. Attention toutefois, si l’enfant est trop petit, il peut avoir du mal à inspirer et expirer sur 5 secondes. Dans ce cas, laissez le aller à son rythme, ça viendra.
2-Pratiquer l’amour ou la gratitude:
L’ exercice de respiration peut se terminer en se remémorant un moment d’amour fort ou encore une gratitude : le plaisir d’avoir ses amis pour son anniversaire, le souvenir d’un soutien dans un moment difficile. On peut le terminer aussi avec un gros câlin.
3- Le rire
Quoi de mieux qu’une grande bouffée de rire pour se libérer des angoisses diffuses et sournoises. Ici, pourquoi ne pas tourner en ridicule l’objet de la peur (attention, on ne se moque pas de l’enfant, mais de l’objet de la peur): on fait le virus idiot qui fonce sur les murs, se ratatine, s’écrase au sol, manquant les humains.
4- Chanter
Et oui, chanter permet de libérer le thorax et a le même effet que la méditation… Allez hop, les comptines pour les plus petits ou autres tubes d’adolescents et chantons à tue-tête!
5- L’activité physique
Chantons, dansons… mais aussi faisons du sport. Et oui, l’activité physique, c’est bon pour le moral, mais aussi pour la santé. En effet, les sportifs sont moins souvent malades et s’ils sont malades, c’est moins longtemps et les symptômes sont moins forts. C’est comme les optimistes! Nous avons testé une chaine sur youtube avec des activités sportives parents enfants… fou rire garanti et abdo en béton!