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Education positive

Comprendre la motivation

En terme d’éducation, et notamment en éducation positive, on recommande de ne pas punir et de ne pas récompenser les enfants. Et malheureusement, le discours s’arrête là, laissant de nombreux parents démunis face à cette injonction… Je vous propose justement ici d’aller un peu plus loin et d’envisager d’autres façons d’agir en utilisant la motivation.

La motivation vient du mot latin movere qui veut dire mettre en mouvement. La psychologie s’est effectivement penchée sur cette capacité des individus à se mettre en mouvement. Il y a les émotions. Mais le fait d’agir obéit aussi à d’autres facteurs.

Sachant qu’il existe de nombreuses théories sur la motivation… je vous propose ici d’en découvrir une en particulier… Son nom barbare est « la théorie de l’intégration organismique ». Ne paniquez pas, c’est assez simple à comprendre.

L’amotivation ou aller à reculons…

Deci et Ryan, deux chercheurs américains, ont, dès 1982, cherché à comprendre les ressorts de la motivation. Dans leurs travaux, ils ont pu mettre en évidence, un continuum de motivation allant de l’amotivation, une absence de motivation, à la motivation intrinsèque, en passant par des motivations plus ou moins autonomes.

L’amotivation est le fait d’un désintérêt pour le sujet. Parents, nous l’observons chez nos enfants quand il faut faire les devoirs, mettre la table ou encore ranger sa chambre. L’ enfant le fait, éventuellement à reculons et brièvement ou passivement…. L’activité n’a aucune valeur et aucun intérêt pour lui. La réponse courante est « pourquoi j’irai faire mon lit, je vais le défaire ce soir? » ou encore « J’arrive très bien à me retrouver dans le bazar ».

La motivation et l'éducation positive

Motiver sous le regard de l’adulte

Lorsque l’enfant se plie à un comportement pour éviter une situation pénible, comme la punition, ou parce qu’il aura une conséquence extérieure, on parle de motivation externe. L’inconvénient de cette motivation est qu’il faut surenchérir dans le temps pour la maintenir, et encore. Si je donne 1 euro, si le lit est fait, au bout d’un moment, il faudra donner 2 euros… puis dans 2 ans, 10 euros.. et hormis que ça commence à couter cher, la récompense (ou la punition) devient disproportionnée par rapport à l’action. De même, si je stoppe la récompense, le comportement s’arrête aussi. Voilà pourquoi, en éducation positive, on nous dit de ne jamais utiliser la punition ou la récompense! Si l’enfant fait ce qu’on lui demande, ça ne dure qu’un temps.

De la même manière, les émotions ressenties suite à une action peuvent être source de motivation. C’est le cas des enfants qui « font les coups en douce ». Lorsqu’on ne le voit pas, l’enfant va frapper par exemple, mais il ne le fera pas en public car il aura honte ou se sentira coupable du fait du regard de l’adulte. Ici on parle de motivation introjectée. L’enfant va être également motivée par une raison interne générée par un évènement externe.

Ces deux motivations sont non auto-déterminées et il faut que l’adulte intervienne pour que le comportement attendu soit réalisé. Elles ne conduisent pas à l’autonomie de l’enfant. Et c’est parce qu’elles ne conduisent pas à cette autonomie qu’elles sont également déconseillées en éducation positive. Elles peuvent être utilisées pour initier un comportement. L’adulte accompagne ensuite l’enfant à évoluer vers des motivations plus autonomes.

Vers l’autonomie de l’enfant

Ensuite, nous entrons dans les motivation dites autonomes, dans le sens où l’origine du comportement est en « nous ». On parle alors d’internalisation. C’est ce type de motivation qui mène à l’autonomie de l’enfant et progressivement la présence de l’adulte n’est plus nécessaire pour que le comportement se réalise.

La première forme est la motivation identifiée: on s’investit dans une activité car elle nous servira plus tard. Elle suppose une capacité de projection de la part de l’enfant et surtout une compréhension du temps… En revanche, elle peut être sollicitée pour les comportements où les conséquences sont plutôt à court terme. Par exemple, la participation à préparer les collations, comme le 4 heures. Cette action lui permettra de se nourrir quand il aura faim.

C’est aussi l’explication qui est avancé quand en éducation positive, on dit de laisser l’enfant tester les conséquences de ces actions. On cite souvent l’enfant qui ne veut pas mettre son manteau ou ses chaussures alors que dehors il fait froid. Le laisser faire va lui faire comprendre la nécessité de mettre des chaussures. Par la suite, il mettra ses chaussures ou son manteau dès qu’il fait froid, puis quand il grandira un peu, il anticipera aussi et prendra ses précautions. Bien évidemment, lorsque l’enfant veut mettre ses chaussures, on lui laisse les remettre, on ne le laisse pas pied-nus dans la neige…. (ça serait de la maltraitance, rien à voir avec l’éducation positive).

La seconde forme de motivation, un peu plus auto-déterminée est la motivation intégrée. Le comportement est motivé parce qu’il répond à notre identité, à nos valeurs. Vous pouvez observez des enfants partager leurs jouets, parce que la justice est une valeur forte pour eux, ou encore donner leur vêtement et jouets aux personnes défavorisées. C’est dans ce sens qu’en éducation positive on parle de modèle. Les enfants nous imitent. Si nous incarnons nos valeurs au quotidien, nous leur transmettons ce mode de régulation.

Enfin, la dernière motivation présente sur ce continuum est la motivation intrinsèque. L’enfant prend plaisir dans la réalisation de son comportement. La forme la plus élémentaire est le jeu: les enfants sont toujours prêts à jouer, parce qu’ils y éprouvent du plaisir, tout simplement… On retrouve ici 3 types de motivation :

  • La motivation intrinsèque à la connaissance: c’est celle liée au plaisir d’apprendre
  • La motivation intrinsèque à l’accomplissement: elle est liée au fait de relever des défis
  • La motivation intrinsèque à la stimulation: elle est lié aux sensations ressenties lors de la réalisation de l’activité

Cette motivation est renforcée lorsque 3 besoins dits fondamentaux sont présents : le choix (ou l’autonomie), le sentiment de compétences et le sentiment d’affiliation. Ce que je vous propose de découvrir dans le prochain article.