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Les 3 besoins fondamentaux pour une motivation autonome des enfants

Précédemment, nous avons échangé sur les différentes motivations, et notamment la motivation dite intrinsèque, celle qui fait que l’enfant est autonome dans ses comportements et attitudes. Pour faire émerger cette motivation si particulière, un environnement favorable est nécessaire.

Deux chercheurs anglo-saxons, Deci et Ryan, qui s’intéressent tout particulièrement à ce qui fait que nous sommes actifs de manière inhérente, sont à l’origine de cette découverte. En résumé, si une activité répond à nos besoins psychologiques fondamentaux, nous serons naturellement motivés pour la mettre en oeuvre. Tout comme des besoins physiologiques, comme la faim, la soif ou le sommeil, nous pousse à agir pour les satisfaire, les besoins psychologiques sont également des leviers de motivation.

Dans leurs travaux, Deci et Ryan identifient 3 besoins à la base de la motivation intrinsèque: l’autonomie, le sentiment de compétences et le besoin d’affiliation. Les travaux récents laissent entrevoir un quatrième besoin: un besoin de nature.

Aussi, si l’environnement, associé à un parentage bienveillant, favorise ces 3 besoins, on observe des enfants (ça marche aussi pour les adultes) plus autonomes et plus motivés.

L’autonomie: premier pas vers la motivation

L’autonomie ne veut pas dire liberté

L’autonomie, c’est la marge de manoeuvre dans un cadre défini. C’est très différent de la liberté, cette dernière n’implique aucune limite, aucun cadre. Avec l’autonomie, on conserve cet environnement sécurisant pour l’enfant avec justement les limites. Les limites liées à la société (les règles et les obligations qui s’imposent à nous tous, y compris nous parents), les limites liées à la famille (nos règles, nos valeurs familiales), les limites liées à l’âge de l’enfant, à sa sécurité physique….Ce cadre évoluant avec l’âge de l’enfant.

L’autonomie permet de se connaître

Concrètement, cela signifie que l’enfant est libre de certaines décisions. On peut lui offrir des choix : le choix de ses vêtements, le choix de ses activités de loisirs, des jeux… On peut aussi lui laisser le choix de s’organiser le matin et le soir pour réaliser ses missions avant de partir à l’école ou en revenant de l’école…

Faire face à ses choix a de nombreux atouts pour l’enfant. Cela lui permet de mieux se connaître, savoir ce qui important pour lui, ce qui correspond à ses valeurs, ses objectifs. C’est aussi pour cela que c’est important de laisser l’enfant se tromper. Comment savoir que le jouet qu’on convoite est en réalité peu intéressant, si on ne l’utilise pas? Je me souviens d’un enfant qui avait reçu une certaine somme d’argent pour son anniversaire avec lequel il achète un jouet à la mode (peu très intéressant en réalité). Ses parents l’avaient toutefois mis en garde, mais ils l’ont laissé faire. Effectivement 15 minutes après avoir déballé son jouet il a dit « je regrette de l’avoir acheté, c’est effectivement un peu nul ». S’ensuit bien sur un échange (et on évite, je te l’avais bien dit…). Quelques temps plus tard, il reçoit un autre somme d’argent pour Noël. Fort de son expérience pourtant désagréable, il a pris le temps de choisir, (il a tout de même mis plus de 30 minutes), parcourant le magasin dans tous les sens pour trouver LE cadeau. Son choix s’est effectivement porté sur un jouet qui lui a procuré joie, intérêt… La discussion avec ses parents a permis de mettre des mots sur l’expérience et de tirer des enseignements.

Le second besoin : le sentiment de compétence

Ce second besoin apparaît du fait du premier. En laissant les enfants autonomes, ils ont un sentiment d’être en capacité de faire. L’adulte lui fait suffisamment confiance pour le laisser faire des choix et mener ses propres expériences (toujours dans la limite du cadre…)

Le défi ou comment motiver par la compétence

C’est Mihaly Csikszentmihalyi (ne cherchez pas à prononcer son nom) qui a découvert cet état que nous avons tous rencontré un jour. On se lance dans une activité, on perd la notion du temps, on apprends, on progresse et on arrive à notre objectif. L’activité en question n’était ni trop facile, ni trop difficile. On se rappelle aussi la fierté du succès. Cet état, c’est ce qu’on appelle le flow. L’idée est aussi de motiver les enfants grâce au flow.

Utiliser le flow suppose bien connaître l’enfant, ses centres d’intérêts, ses projets, ses envies mais aussi son niveau de compétence. En jouant sur des défis, il est possible de faire entrer l’enfant dans l’action. Je me souviens d’une petite fille qui en avait marre de compter les nombres ou encore de les lire et donc refusait de faire ses devoirs. L’un des astuces a été de lui proposer de lire le maximum de nombres en moins d’une minute. Le devoir qui prenait 20 minutes, n’a pris qu’une minute. Ce défi a pu lui être posé parce que la lecture des chiffres était relativement fluide bien évidemment. Un autre défi a été pour elle de les réciter dans le sens inverse. A chaque fois, elle a pu gagner en compétence et en maitrise. Une fois la compétence acquise, on augmente légèrement le niveau (compter de 2 en 2, ou de 5 en 5…)

Sentiment de compétence et confiance en soi

En retour, la multiplicité des expériences, diversifie les compétences de l’enfant, renforçant alors ce sentiment de compétences. L’enfant développe alors une confiance en soi. Cet équilibre entre défi et compétences favorise le sentiment de contrôle de la part de l’enfant. Il se sentira plus en confiance dans les situations inconnues. Les défis seront de plus en plus difficile. Les situations d’échec seront également moins dures à vivre, largement compensées par des succès par ailleurs.

Le troisième besoin: l’affiliation

L’affiliation est un sentiment d’appartenance à un groupe et la première place de l’enfant dans un groupe, c’est sa place dans la famille. On retrouve ici l’importance de l’attachement. Construire des liens affectifs épanouissants avec son entourage est une source de motivation. On a tous envie de participer à la vie du groupe, de permettre au groupe d’avancer, de grandir et on a aussi envie de faire plaisir à ceux qu’on aime.

Je me souviens d’un petit garçon, hypersensible, pour lequel se laver les dents est un vrai calvaire… En revanche, ce petit garçon aimait être avec les siens, toute séparation était difficile à vivre. Aussi, avec sa famille, il a été décidé de faire du moment « lavage de dent » un moment familial, un moment de lien: tous se retrouvent dans la salle de bain et font de ce moment, un moment de convivialité. Cela n’a pas fait des miracles, il n’aime toujours pas se laver les dents, en revanche, cela à faciliter la démarche. Il y va volontiers plus souvent..

On voit ici 3 leviers pour favoriser la motivation autonome, et c’est la combinaison des 3 qui permettra à l’enfant de faire de lui même. Tout cela prend du temps, on est bien d’accord et les axes sur lesquels nous pouvons, nous parents, agir va aussi dépendre de la personnalité de l’enfant. Enfin, si ces outils sont plutôt efficaces, ils ne doivent en aucun cas être utilisés pour amener l’enfant à faire ce que nous avons envie qu’il fasse…