Mais au fait, que quoi parles-t-on exactement?
La presse nous rabâche de prendre soin de nous, en bas des mails que nous recevons, nous voyons écrit « prenez soin de vous »..Prendre soin de soi, oui je veux bien, mais de quoi parle-t-on exactement?
La vision des adultes: une approche consumériste?
Quand on demande à un adulte qu’est-ce que signifie pour lui prendre soin de soi, il va souvent faire référence à 2 notions: le temps et le plaisir: « prendre du temps pour soi, qui fait du bien ». Dans la plupart des échanges que j’ai pu avoir avec des adultes, l’idée de prendre soin de soi est très liée à la consommation: faire du shopping, aller chez le coiffeur, l’esthéticienne, …Le soin au corps est effectivement très présent. Ici, prendre soin de soi est une activité de détente, qui va régénérer certes, et qui sera prise ponctuellement, sous entendu qu’entre 2 cessions chez le coiffeur, je ne prends plus soin de moi.
L’approche corporelle est aussi présente pour ceux et celles qui placent le sport comme une activité permettant de prendre soin de soi. Dans ce cas, les échanges montrent que la notion d’être, d’énergie, d’équilibre sont alors recherchées dans cette conception. Les dimensions affectives et spirituelles sont alors sous-entendues.
En réalité, très peu d’adultes évoquent la dimension affective (amour) ou spirituelle de cette notion de manière explicite. Un seul parent m’a dit un jour « pour moi, c’est me nourrir physiquement, affectivement et spirituellement ». La dimension affective apparait, souvent inconsciente à travers les relations sociales: le temps de détente avec des amis-es. Quand à la dimension spirituelle, elle est encore plus rare. Elle apparait avec la méditation quelques fois.
L’autre phénomène est cette notion de ponctualité : prendre soin de soi, se fait de manière ponctuelle, à un moment donné, souvent parce que le parent (et principalement la mère) n’en peut plus et qu’il est nécessaire pour lui/elle d’avoir cet échappatoire. La régularité devient plus forte lorsque le sport est perçu comme un moyen de prendre soin de soi. Lorsque l’approche est plus spirituelle, notamment par la méditation, prendre soin de soi devient une habitude quotidienne, à chaque moment de la journée, au fur et à mesure que la présence au temps s’aiguise.
Et pour un enfant, que signifie prendre soin de soi?
Paradoxalement, quand il s’agit d’enfants, tout le pan consumériste qui apparait si fortement chez les adultes disparait. Et même, lorsqu’on échange un peu plus sur le thème, la plupart des parents souhaitent que leur enfant prenne soin de lui quotidiennement et régulièrement dans sa vie d’adulte.
C’est ainsi, quand on parle de prendre de soin de soi pour un enfant, tous s’accordent sur la dimension physique : lui donner les soins d’hygiène, le protéger physiquement, le laver, le nourrir pour qu’il soit en bonne santé. Les câlins sont aussi évoqués très souvent sous l’angle physique. La différence avec l’adulte est que tous ces actes doivent être empreints d’amour pour entrer dans la dimension « prendre soin ». Le coeur a aussi une place importante, alors que cette dimension est pratiquement absente de la conception de prendre soin de soi pour un adulte.
La dimension spirituelle est également absente. Au pire, si on nourrit l’esprit d’un enfant, cela peut être vu comme du « bourrage de crâne », or les enfants ont besoin d’apprendre sur le monde, sur son fonctionnement et ont des questions métaphysiques : »Maman, c’est quoi la mort? », on y passe tous, un jour au l’autre!
Alors prendre soin de soi, c’est quoi?
En résumé, pour moi, prendre soin de soi, et que ce soit pour un adulte ou pour un enfant, c’est avant tout bien se nourrir physiquement (sommeil, alimentation, activité physique, repos), affectivement (tous ces micro-moments d’amour, chers à Barbara Frédrickson), et spirituellement et ceci au quotidien dans nos choix d’activités, nos choix de vie d’une manière plus générale.
Pourquoi apprendre aux enfants à prendre soin d’eux?
Prendre soin de soi pour soi
La raison la plus évidente concerne leur bien-être, leur bien-être de vie d’enfants mais aussi leur bien-être en tant qu’adulte. Lorsqu’on demande aux parents, que souhaitent-ils pour leurs enfants quand ils seront adultes, la plupart d’entre nous répondons leur bonheur, qu’ils soient heureux, qu’ils fassent ce qu’ils aiment. Et pour atteindre cet objectif, il est essentiel de prendre soin de soi.
Prendre soin de soi permet une meilleure santé physique. Et il existe un lien entre les 2. Si vous êtes en bonne santé physique, vous aurez plus facilement l’énergie pour vous mobiliser et réaliser ce qui est bon pour vous, même si cela demande des efforts pour atteindre votre objectif. En même temps, être plus heureux, rend moins malade. Les études montrent aussi que les personnes présentant les indices de bonheur les plus élevés sont les moins malades. Et que si elles tombent malades, elles ont moins de symptômes, ils sont moins intenses et elles guérissent plus vite.
Prendre soin de sa santé affective, émotionnelle ou spirituelle permet de mieux se connaître et prendre les décisions adéquates : celles qui sont en accord avec nos projets et nos envies, nos désirs. Il s’ensuit alors une plus grande satisfaction de vie.
Prendre soin de soi pour les autres
Et oui, tous les parents vous le disent: « je suis plus disponible si j’ai pris soin de moi« . Prendre soin de soi, nous permet de mieux prendre soin des autres. En apprenant aux enfants dès aujourd’hui à prendre soin d’eux, ils prendront mieux soins de leurs concitoyens dans le monde de demain.
Avec plus de bienveillance, plus d’empathie, un monde plus serein, plus respectueux émergera.
A partir de quel âge, peut-on apprendre à prendre soin de soi
Je dirai à tout moment. Si vous êtes un adulte qui ne prends pas ou peu soin de soi, vous pouvez commencer aujourd’hui, là maintenant si vous les souhaitez.
Pour un enfant, l’accompagnement va se faire progressivement au fur et à mesure de son développement.
Il est évident que les soins physiques se font dès la naissance, par le parent avec beaucoup de douceur et d’amour. Progressivement, lui apprendre à faire seul, lui expliquer le pourquoi, le comment. Je dirai qu’apprendre à se laver peut commencer dès l’apprentissage de la propreté vers 2 ans. Ici, à 3 ans, ils prennent leur douche seuls (avec un adulte dans la pièce bien évidemment) et je n’interviens qu’une fois par semaine ou je vais vraiment les laver (et passer derrière les oreilles, si souvent oublié…).
L’apprentissage des besoins nutritionnels se fait également dès la naissance: en nourrissant son enfant à la demande, puis le laisser découvrir par lui même les gouts, toucher, découvrir l’alimentation. Vers 2 ou 3 ans, on peut lui apprendre à cuisiner (mélange pour les gâteaux, découper avec les fruits et les légumes, les peler…). Vers 4/5 ans, il est possible d’introduire des notions de diététiques: le sucré, le salé, les effets sur la santé par exemple. Dans tous les cas, il vaut mieux choisir de respecter le sentiment de satiété des enfants. Un rapport sain à la nourriture en découlera.
Les besoins corporels : favoriser l’activité physique. Là encore, cela doit se faire dès le plus jeune âge avec la motricité libre par exemple. Plus grand, les inscrire dans les clubs de sport, bouger en famille, faire des randonnées, aller à la plage… Mais aussi écoutez les douleurs des enfants et les respecter. Si votre enfant, vous dit qu’il a mal, pourquoi minimiser sa douleur en disant ce n’est rien, ça va passer. Et dites vous qu’il est le mieux placé pour savoir s’il a mal ou pas!
Leur montrer l’exemple et le verbaliser. Les enfants apprennent en premier de nous. Expliquons que nous coupons la télévision car on a passé trop de temps devant, qu’on va se coucher parce qu’on a sommeil, qu’on met ce bonbon de côté parce qu’on a déjà beaucoup mangé, ou qu’il est l’heure d’aller à table… Ils sont aussi une belle excuse pour prendre soin de nous!