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Le grand débat sur les écrans. Mais que dit la science ?

A l’heure où les tablettes se multiplient dans nos écoles, les réseaux sociaux continuent à attirer nos jeunes, les médias visuels se développent au détriment des médias « écrits » et des voix s’élèvent contre ce tout écran, la Finlande revient à l’utilisation des livres…il est difficile de pouvoir se positionner en tant que parents. Et ce sentiment est légitime!

Pour y voir un peu plus clair, je vous propose un petit tour du côté de la science.

Des comportements addictifs et des comportements violents

On retrouve le plus souvent ces deux thèmes dans les arguments contre les écrans, et ce sont les deux thèmes les plus controversés. Certains avancent que les écrans rendent addictifs et violents du fait qu’ils présentent très souvent des situations de violence. D’autres disent que les représentations du monde à travers les écrans sont violentes, parce que le monde est violent.

Concernant l’addiction, scoop, officiellement l’addiction aux écrans n’existe pas selon le DSM-5. Pour les écrans, on parle alors de consommation excessive. Notons que des programmes de recherche sont actuellement en cours et que les choses peuvent changer d’ici quelques années. Il existe néanmoins un véritable débat entre les observations des professionnels, et la définition d’une addiction.

Concernant maintenant la violence. L’Académie américaine de pédiatrie a répondu à cette question en comparant des enfants soumis à des images violentes et plus neutres. Le lien entre les images et la violence est fort. En effet, l’exposition aux images violentes a 3 effets :

  • Elle légitime la violence comme mode de résolution des problèmes et augmente le recours à l’agressivité verbale ou physique;
  • Elle nous habitue à la violence et favorise alors l’acceptation de la violence dans le quotidien, comme quelque chose de « normal »;
  • Elle favorise le repli sur soi en augmentant de manière significative la perception du monde extérieur comme un danger.

De même, les études scientifiques ne prouvent pas que l’exposition à la violence diminue les pulsions agressives comme veulent nous le faire croire certains fabricants de jeux vidéos. Au contraire, les études montrent que le fait d’être acteur de violence dans les jeux vidéos vient encore renforcer ce lien entre « image » et « violence ». Ce lien entre image et violence se trouve encore accentué chez les enfants utilisant de manière excessive les écrans en réduisant leurs capacités langagières, attentionnelles et en augmentant leur impulsivité.

Un impact négatif sur les capacités langagières

De nombreux jeux et activités numériques se sont développés en vu d’améliorer les capacités langagières de nos enfants et pourtant… Entre 8 et 16 mois, chaque heure quotidienne de vidéos, y compris les vidéos pour enfant qui visent à développer le langage, fait diminuer le lexique de l’enfant de 10%. Pourquoi? Tout simplement parce que l’écran ne permet pas les interactions nécessaires à l’apprentissage d’une langue.

L’enfant apprend par l’échange avec le parent. C’est parce que vous discutez avec votre enfant, en utilisant des objets, avec des mouvements, des regards, un sourire, des intonations… que l’enfant apprend à parler. Or tout cela, n’est pas mis en oeuvre avec les écrans. Et c’est le même problème avec des supports audios. Vous pouvez mettre toute la journée une radio dans la chambre de votre enfant, il ne parlera pas mieux, ni plus vite… Il n’y a qu’une seule solution pour développer le langage, c’est de parler avec lui!

Ensuite, les écrans « volent » du temps d’interaction parent/enfant. Un téléviseur allumé toute la journée dans une maison, même si l’enfant ne le regarde pas, va faire que les dialogues intra-familiaux sont moins nombreux et donc les opportunités de développer son langage réduites.

Un impact négatif sur l’attention

L’attention est la capacité d’un enfant à rester focaliser sur une tâche. Et les écrans sont particulièrement « traîtres » sur ce point et cela pour deux raisons:

  • L’impact d’un exposition des écrans sur l’attention s’observe plus tard. Ainsi, un enfant de moins de 3 ans qui regarde 1 heure par jour la télévision, a deux fois plus de risque de développer un trouble de l’attention après 6 ans. Et ceci semble d’autant plus vrai que le contenu est violent. Les effets semblent plus nuancés dans le cas de contenu éducatifs, mais ils sont tout de même là.
  • Les enfants sont calmes devant les écrans…En fait les écrans utilisent un mode d’attention « passif », dans le sens où l’écran agit comme un stimuli qui « capte » l’enfant. Ce phénomène ne nécessite pas d’effort de la part de l’enfant. En revanche, quand l’enfant doit lire, compter, cela nécessite un effort de concentration. Il s’agit d’un mode d’attention « actif » dans le sens où l’enfant doit apprendre à contrôler volontairement son attention vers une tâche. Ce système d’attention actif est complexe, il fait intervenir de nombreux paramètres, notamment les émotions. Maintenir son attention sur une tâche difficile peut générer des émotions désagréables. Il met du temps aussi à se développer. La présence d’un adulte auprès de l’enfant, qui partage avec lui des activités, qui l’encourage…, favorise alors le développement de cette attention active. La présence des adultes avec les enfants est d’autant plus importante qu’elle permet le développement de cette attention active.

Or il se trouve que les écrans favorisent l’attention passive et épuisent l’attention active. Nous avons tous remarqué la difficile concentration des enfants après avoir regardé des écrans.

En résumé, l’exposition excessive aux écrans nuit au développement cognitif de l’enfant, notamment si l’enfant est seul devant. Il s’ensuit des difficultés dans ses apprentissages et ce constat s’observe quelque soit le contenu du programme regardé. Les effets semblent légèrement amoindris, si l’écran est partagé et le contenu commenté et discuté en famille et si l’enfant a plus de 3 ans. A côté de cela, les écrans nuisent aussi au sommeil, il s’ensuit des difficultés scolaires plus importantes.

Sources :

Harlé B & Desmurget M, (2012), « les effets de l’exposition chronique aux écrans sur le développement cognitif de l’enfant » , Archives de pédiatrie, 19, PP 272-776.

Dehaene Stanislas (2018) “Apprendre! Les talents du cerveau, le défi des machines“, Odile Jacob.

Tisseron, S (2009) “Les dangers de la télé pour les bébés,“, Erès.