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Education positive

Réalités et mythes des dérives de la bienveillance éducative

Un regard de maman sur quelques idées souvent lues dans les médias

On trouve beaucoup de choses sur le net concernant l’éducation bienveillante, l’éducation positive… tous ces termes sont interchangeables et désignent une nouvelle façons d’éduquer les enfants. Une éducation où l’enfant a des droits ET des devoirs, un enfant qui a sa place dans la famille en tant qu’individu, mais aussi en tant qu’enfant (et donc différent de l’adulte). Cette place évolue au fur et à mesure que l’enfant grandit, bien évidement.

Cependant, en lisant les articles sur Internet, les commentaires sur les réseaux sociaux je constate que certains n’ont pas vraiment compris de quoi il était question et on y trouve des absurdités… Je vous propose donc ici de faire un rapide tour des idées reçues et autres joyeusetés.

Idée reçue n°1: le parent bienveillant est toujours souriant

Et oui, 24h/24h, y compris quand votre bébé a réclamé 12 tétés dans la nuit, vous êtes toujours souriant répondant aimablement aux besoins de bébé (et voire de l’ensemble de votre entourage). C’est pourtant l’image que veulent faire croire certains réseaux sociaux et comptes de mères qualifiées de « parfaites ».

Et là, je dis non, non, et renon. Etre un parent bienveillant, c’est d’abord être bienveillant envers soi et reconnaître nos besoins. Alors, oui, vous avez le droit vous aussi de vous reposer, d’être fatigué. Et vous avez aussi droit à toutes les émotions qui traversent un individu. Dans le cas de bébé, il est possible de préparer un biberon avec le tire-lait et confier la prochaine tété au papa, à la mamie ou tout autre personne, de confiance bien évidement, pour vous reposer. De la même manière, vous avez aussi le droit d’être en colère car ça fait 10 fois que vous ramassez les jouets dans le salon et ceci dans une seule journée…Comme pour votre enfant, vous avez droit d’exprimer vos émotions et tous les comportements ne sont pas admis. Donc, même si on en a ras-le-bol, on ne donne pas la fessée à l’enfant, et on va se calmer dans le coin de la paix par exemple, ou on va faire le tour du quartier en courant (si quelqu’un peut surveiller les enfants bien sur…).

Donc ne vous sentez pas coupable parce que vous avez des émotions… et elles sont les bienvenues.

Idée reçue n°2: l’enfant est roi

Avec l’éducation bienveillante: l’enfant est roi, il peut faire ce qu’il veut puisqu’il ne faut pas le punir, le gronder. C’est aussi une idée largement répandue, notamment quand on parle du consentement. Dans l’idée des personnes, on s’imagine qu’il faut demander systématiquement l’avis à l’enfant et qu’on est obligé de respecter son point de vue. Oui effectivement, si on lui demande son avis, quel intérêt de ne pas le respecter. Imaginez vous qu’on vous propose le choix entre le gâteau au chocolat et la tarte aux fraises et qu’après avoir choisi le gâteau au chocolat, on vous dise : « tient voilà la tarte au fraise! ». Et encore dans cet exemple, vous restez avec un dessert qui peut être agréable.

Mais en même temps, dans la vie, il y a des règles que l’on se doit de respecter parce qu’elles ont un sens, une utilité: on fait le ménage dans sa maison pour une vie agréable et saine! J’ai rarement entendu une maman dire « oh moi, j’adore faire le ménage, je ferai ça toute la journée »…

Ne confondons pas autonomie et liberté. La liberté, vous faites ce que vous voulez, quand vous le voulez et oui, ça fait un enfant roi et un adulte malheureux. L’autonomie permet d’évoluer dans un cadre, vous êtes libres dans les limites imposées par le cadre. Et bien évidement, le cadre n’est pas le même à 3 ans, et 8 ans ou encore à 15 ans. Tenir la main dans la rue à son enfant est non négociable à 3 ans, mais inquiétant à 15 ans. Ainsi, toutes les règles assurant la protection de l’enfant ne sont pas négociables. A chaque famille de constituer ses propres règles, en fonction de ses valeurs (certaines règles sont aussi applicables aux adultes).

De même l’enfant ne peut prendre toutes les décisions et il est nécessaire que l’adulte en prenne pour lui; notamment en cas de divorce ou de soins médicaux. Il est possible de recueillir son avis, d’écouter son ressenti, mais bien lui expliquer que la décision finale sera prise par les parents.

Idée reçue n°3: l’éducation bienveillante est réservée aux classes aisées

Alors, je ne vous cache pas que celle là m’a surprise. En effet, s’interroger sur notre relation à notre enfant serait réservée aux classes les plus élevées, car bien sur, il ne faut avoir que ça à faire!!!

Déjà s’interroger sur la relation avec son enfant, n’est pas réservé aux classes aisées de la société, et heureusement! Choisir la relation à son enfant est le principe même de la parentalité, et concerne donc tous les parents. Ainsi, je peux souhaiter avoir une relation proche de celle que j’ai connue dans mon enfance, ou encore différente, voire radicalement opposée. Et cette volonté s’installe même avant d’avoir des enfants, elle apparait dès lors qu’on se projète en tant que parents. De même, cette vision évolue avec l’expérience, la maturité, les histoires personnelles des parents… J’espère qu’une maman ne s’empêche pas de faire évoluer sa relation avec son enfant vers une forme qui lui ressemble tout simplement parce qu’elle croit que ce n’est pas fait pour son milieu social!

Idée reçue n°4: Je ne me sens pas légitime en tant que parent

Corollaire de l’idée n°3: si je met en place une éducation bienveillante, je m’interroge sur ma relation avec mon enfant parce que je ne me sens pas légitime en tant que parent. Le raisonnement est un peu scabreux.

Je crois qu’au contraire,que si je n’ai aucun doute dans mon rôle de parent, cette assurance me permet d’être à l’écoute des besoins de mon enfant. Une personne qui est peu sure d’elle, va soit recourir à la force, la violence pour se faire obéir, ou rester passive face à une situation qui semble la dépasser. Le parent confiant est sûr de sa légitimité et va ouvrir le dialogue pour un règlement des conflits, lorsqu’il se trouve en difficulté.

Enfin, je conclurai cet article avec une phrase très simple: que l’éducation bienveillante est du bon sens. On ne va pas frapper un enfant de 3 ans parce qu’il ne vous donne pas la main dans la rue, mais on ne va pas le laisser courir seul au milieu de la chaussée non plus! Et que faire appel à ce bon sens est accessible à tous, sans distinction de classe, de sexe, de niveaux d’études, d’intelligence, de couleur, de religion, ou je ne sais quoi encore… Alors vivez la relation à votre enfant comme vous l’entendez, pourvu que vous soyez tous les 2 heureux! .